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Publié le 15 janv. 2023 à 17:57Mis à jour le 16 janv. 2023 à 12:04
A quelques jours de la première manifestation contre la réforme des retraites , deux visions s’affrontent. Le gouvernement défend une réforme « juste », épargnant les plus modestes, quand ses détracteurs assurent qu’elle va notamment pénaliser les Français ayant commencé à travailler très tôt en leur demandant de cotiser 44 ans.
Dès le lendemain de la présentation de la réforme, le patron de la CFDT, Laurent Berger, a fustigé une réforme « sur le seul dos des travailleurs […] et parmi ces travailleurs, ceux qui sont les plus concernés sont les travailleurs modestes ». « Celui ou celle qui a commencé à travailler très jeune […] il va devoir faire 44 années de cotisations, elle est où la justice ? », a fustigé pour sa part le patron de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, sur BFMTV la semaine dernière. « Ce que je demande, c’est que quelqu’un qui a fait 43 années de cotisation puisse partir à taux plein, avant 64 ans, ça, c’est de la justice », a-t-il encore avancé.
Nouveau seuil pour les travailleurs avant 18 ans
Dans la famille politique de l’élu, le nouveau patron des Républicains, Eric Ciotti s’est pourtant dit favorable à la réforme prévoyant une hausse de l’âge légal de 62 à 64 ans et une accélération de l’augmentation de la durée de cotisations de 42 ans à 43 ans. Mais une dizaine de députés ne sont pas prêts à voter la réforme en l’état, indique le « JDD », notamment en raison du sort réservé à ceux qui sont entrés jeunes dans la vie active.
Lors de la présentation de son projet mardi dernier, le gouvernement a cependant expliqué qu’il améliorait le dispositif des carrières longues, notamment en créant un traitement spécifique pour ceux qui ont commencé avant 18 ans.
150.000 personnes concernées par les carrières longues
Pour mémoire, le système des carrières longues, créé en 2003 et maintes fois remanié, permet aujourd’hui à ceux qui ont commencé à travailler avant 16 ou 20 ans de partir à la retraite à taux plein, 2 ou 4 ans avant l’âge légal, sous réserve d’avoir engrangé un nombre minimal de trimestres, notamment en début de carrière. Il concerne aujourd’hui près de 150.000 personnes par an, soit près de 20 % des départs en retraite.
Avec la réforme, les personnes ayant eu des carrières « très longues » pourront partir plus tôt, dès 60 ans, « sous réserve d’avoir cotisé la durée d’assurance requise majorée d’une année », soit 44 ans, a notamment indiqué le gouvernement. « Si on passait à 43 ans, ce ne serait plus le même coût », argue-t-on du côté de Matignon. « On a un sujet d’équation budgétaire. »
En tous les cas, une personne ayant commencé à travailler à 20 ans devrait pouvoir lever le pied à 64 ans, soit à l’âge légal de départ en retraite. Si les règles du jeu ne changent pas, une personne ayant commencé à 20 ans et née à partir de 1973 partira à 63 ans (compte tenu de la réforme Touraine augmentant la durée de cotisations requise à 43 ans).
« La moitié du chemin » demandé aux Français
« Dans la réforme aujourd’hui, cette personne aura à travailler jusqu’à 64 ans, c’est-à-dire un an de plus (que dans le scénario précédent), mais je rappelle qu’on est dans une réforme dans laquelle on demande aux Français de travailler deux ans de plus », a justifié la Première ministre Elisabeth Borne, interrogée samedi sur France Inter.
« Pour les personnes qui ont commencé à travailler à 20 ans, on leur demande la moitié du chemin qu’on demande à l’ensemble des Français », a-t-elle résumé. « On réduit les écarts », a, pour sa part, défendu le ministre du Travail, Olivier Dussopt dimanche, sur France Inter dans une émission avec franceinfo et « Le Monde ». « Ce que nous faisons permet de ne pas faire travailler plus longtemps ceux qui commencent à travailler tôt par rapport à ceux qui commencent à travailler tard et qui vont devoir à la fois cotiser 43 ans et souvent aller au-delà de 64 ans », a-t-il aussi ajouté.
« On va voir ce que propose le Parlement, je ne ferme pas les portes par principe », a cependant défendu le ministre du Travail dimanche. Comme une ouverture sur un point difficile à faire passer par l’exécutif, à la veille d’une semaine forcément tendue.