フランス
Publié le 15 févr. 2023 à 12:03Mis à jour le 15 févr. 2023 à 19:33
Mis en difficulté à l’Assemblée sur la réforme des retraites , le gouvernement a fait ce mercredi une mise au point sur la question des petites pensions. Avec la réforme, 250.000 retraités actuels verront leur pension « franchir le cap » des 85 % du SMIC, a promis le ministre du Travail, Olivier Dussopt, sur France Inter.
Le projet de loi du gouvernement prévoit d’augmenter le « minimum contributif » jusqu’à 85 % du SMIC pour les personnes ayant effectué une carrière complète au SMIC et à temps plein. De quoi porter les petites pensions à un niveau proche de 1.200 euros par mois brut. Concrètement, ces pensions doivent bénéficier d’un coup de pouce, calculé au prorata du temps travaillé et pouvant aller jusqu’à 100 euros.
De 70 à 100 euros de plus par mois
Cette promesse est censée mieux faire accepter une réforme des retraites très impopulaire et combattue par les syndicats . Ces derniers jours, les oppositions ont toutefois reproché à l’exécutif de tromper les Français sur l’ampleur de ce geste en faveur des plus modestes. Selon elles, très peu de retraités verraient leur pension passer à 1.200 euros, les personnes ayant eu des carrières hachées et des temps partiels ne pouvant pas atteindre ce seuil.
Interpellé à de multiples reprises, dans les médias ou lors des débats à l’Assemblée, l’exécutif a donc précisé sa copie sur ce dispositif complexe. Jusqu’à aujourd’hui, il avait expliqué que 1,8 million de retraités actuels verraient leur petite pension augmenter. Sur ce total, 900.000 verront leur retraite augmenter de 70 à 100 euros par mois, a précisé Olivier Dussopt.
« Vous en avez même 125.000 qui vont aller jusqu’au maximum des 100 euros de revalorisation. Cela peut paraître peu, mais en réalité c’est énorme, cela signifie que nous avons au total 250.000 retraités supplémentaires dans notre pays qui vont franchir le cap des 85 % du SMIC parmi les retraités actuels. »
La réforme prévoit aussi d’améliorer les petites pensions des futurs retraités. L’exécutif avait déjà indiqué que 200.000 personnes devraient en tirer profit chaque année sur 800.000 qui partent à la retraite. Au total, « 40.000 personnes de plus chaque année passeront le cap des 85 % du SMIC grâce à cette seule réforme », a précisé Olivier Dussopt, disant avoir obtenu ce chiffre la veille au soir. Et autour de 67.000 (un « gros tiers » de 200.000) devraient bénéficier d’une revalorisation supérieure à 70 euros par mois.
Système contributif
« Ceux qui resteront en dessous des 85 % du SMIC sont ceux qui ont des carrières incomplètes », a expliqué le ministre. Celui-ci a appelé à ne pas confondre l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) ou minimum vieillesse, financée par la solidarité nationale et conçue pour soutenir les retraités ayant très peu de ressources, avec le minimum de pension qui est contributif et dépend donc des cotisations versées.
Et d’évoquer le cas d’une caissière ayant travaillé à temps partiel. « Je ne dis pas à quelqu’un qui a travaillé toute sa vie pour 700 euros que sa retraite sera supérieure à son salaire. Si on est dans cette logique-là, on ne parle plus de retraite, on parle de minimum vieillesse, ce n’est plus une retraite, c’est un minimum social que nous avons remonté à 960 euros », a insisté Olivier Dussopt.
La question du minimum contributif est au coeur des tractations politiques depuis le début des débats sur la réforme des retraites. Initialement prévue pour les futurs retraités, qui vont travailler plus avec le report de l’âge légal, la revalorisation des petites pensions (700 millions d’euros à l’horizon 2030) a été étendue au « stock » des retraités (pour un coût supplémentaire de 1,1 milliard d’euros) sous la pression d’élus de la majorité et de LR, clés pour l’adoption de la réforme sans recours à l’article 49.3 de la Constitution.
Sa mise en oeuvre promet cependant d’être compliquée car elle suppose de reconstituer des carrières. La hausse des pensions devrait aussi avoir des effets sur d’autres prestations sociales.