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Retraites : la bataille de l’opinion pointe derrière la mobilisation syndicale

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Publié le 11 janv. 2023 à 19:41Mis à jour le 12 janv. 2023 à 8:50

Avant même que la Première ministre ait présenté le détail de sa réforme des retraites , le kit antiréforme des retraites était déjà mis à la disposition de ses militants par la CFDT : les hashtags au premier rang desquels #64ANSCESTNON ou encore #METSTESBASKETSPOUR LARETRAITE, des affiches à télécharger et épingler sur les panneaux syndicaux… « On a eu le temps de se préparer », commente un cédétiste en faisant référence aux quelques mois qui ont séparé l’ouverture de la concertation sur le projet et son annonce.

Les militants de la centrale de Laurent Berger comme ceux des autres syndicats savent qu’ils jouent gros dans l’affrontement avec l’exécutif qui démarre. Les leaders syndicaux ont lancé unitairement l’offensive depuis la Bourse du travail de la place de la République, à Paris, dès mardi soir, annonçant une première mobilisation le 19 janvier .

Photo inédite

Cela a donné lieu à une photo inédite : même en 2010, si l’opposition syndicale au relèvement de l’âge de la retraite était unanime, jamais l’ensemble des syndicats français ne s’était affiché ainsi, Force ouvrière faisant à l’époque cavalier seul. Jamais non plus les centrales ne s’étaient associées pour lancer ensemble une pétition, comme cela a été fait ce mercredi, sur Change.org ; une initiative qui avait marqué lors du conflit social contre la loi El Khomri sous François Hollande.

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a tapé fort, mercredi matin sur France Inter, dénonçant une « mesure brutale » que « vont prendre en pleine figure » « ceux qu’on a applaudis pendant le confinement » et ciblant le président de la République. Revendiquant la constance de son organisation dans son opposition à une hausse de l’âge de la retraite, le syndicaliste s’est posé en leader de la contestation, tranchant avec la retenue à laquelle sa centrale avait habitué.

Les organisations de salariés comme le gouvernement savent que, comme dans tout conflit social, la bataille se jouera à la fois dans la rue et dans l’opinion. Côté rue, aucune centrale n’a affiché d’objectif chiffré pour le nombre de manifestants le 19 janvier, même si un responsable retraite se laissait aller à rêver de mettre 2 millions de personnes dans la rue.

Maintenir la pression

Les avis sont partagés. Certains pronostiquent un mouvement très suivi jeudi prochain. « Je pense que ça va prendre, le climat social n’est pas bon avec la question des salaires à laquelle s’ajoute celle des retraites », commente un militant de la CGT. « Tout le monde a pris deux ans dans la vue , y compris les régimes spéciaux ! » insiste-t-il. Ce travailleur de l’industrie s’attend à une participation forte aux journées d’action.

Ce sera compliqué dans le secteur des services, « il ne faut pas s’attendre à un raz-de-marée », note un responsable CFDT, qui souligne la difficulté pour les salariés les moins bien payés de se priver d’une journée de salaire. Si l’affluence le 19 janvier n’inquiète pas, se pose la question de la capacité à maintenir la pression dans la durée.

Seulement un tiers des actifs soutiennent la réforme

Si l’opinion est partagée sur la nécessité d’une réforme des retraites, elle demeure majoritairement opposée au projet du gouvernement de relever l’âge légal de départ, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce mercredi. Seuls un tiers des actifs la soutiennent, et même pas un quart des ouvriers, contre 60 % des retraités. Les deux tiers des personnes interrogées jugent le moment inopportun pour ce grand chantier.

Un peu plus d’un actif sur deux seulement se déclare prêt à se mobiliser contre le projet du gouvernement. Si peu croient en la possibilité d’un retrait du projet, les deux tiers soutiennent ou se déclarent en sympathie avec le mouvement qui se profile.

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